Hera
Son nom romain est Junon. Sœur et l'épouse de Zeus (Jupiter) elle règne avec lui sur l'Olympe.
Elle protège les épouses et des nouveau-nés.
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illustration de Gustave Doré |
Le paon se plaignait à Junon.
Déesse, disait-il, ce n'est pas sans raison
Que je me plains, que je murmure :
Le chant dont vous m'avez fait don
Déplaît à toute la nature ;
Au lieu qu'un rossignol, chétive créature,
Forme des sons aussi doux qu'éclatants,
Est lui seul l'honneur du printemps.
Junon répondit en colère :
Oiseau jaloux, et qui devrais te taire,
Est-ce à toi d'envier la voix du rossignol,
Toi que l'on voit porter à l'entour de ton col
Un arc-en-ciel nué de cent sortes de soies,
Qui te panades, qui déploies
Une si riche queue, et qui semble à nos yeux
La boutique d'un lapidaire ?
Est-il quelque oiseau sous les cieux
Plus que toi capable de plaire ?
Tout animal n'a pas toutes propriétés.
Nous vous avons donné diverses qualités :
Les uns ont la grandeur et la force en partage ;
Le faucon est léger, l'aigle plein de courage ;
Le corbeau sert pour le présage ;
La corneille avertit des malheurs à venir;
Tous sont contents de leur ramage.
Cesse donc de te plaindre ; ou bien, pour te punir,
Je t'ôterai ton plumage. |
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Pourquoi Junon ? Le paon est l'oiseau dédié à Junon.
Sans raison que je me plains... Mais pourquoi le paon se plaint-il donc ? Dans la fable 7 du Livre I, Jupiter n'a-t-il pas demandé à tous les animaux de lui faire part de leur souhaits : « Si dans son composé quelqu'un trouve à redire, / Il peut le déclarer sans peur ; / ... » (vers 3, 4). Chacun se trouvait fort bien fait à l'époque.
Un arc-en-ciel nué : Aux couleurs disposées selon les diverses nuances.
Qui te panades : qui te pavane, qui marche avec fierté (le terme a la même origine que le mot paon).
Le lapidaire est à la fois celui qui taille et polit les pierres précieuses et celui qui en fait commerce. Le terme désigne aussi tout ce qui concerne les pierres. Guez de Balzac écrira à M. de Forgues : « Je trouve les émeraudes de vos paons d'aussi grand prix que celles des lapidaires. » (cité dans « La Fontaine - Œuvres complètes, tome I ; Fables, contes et nouvelles » édition établie, présentée et annotée par Jean-Pierre Collinet ; NRF Gallimard ; Bibliothèque de La Pléiade ; 1991, p. 1092).
La corneille avertit des malheurs à venir : Dans « Esope le Phrygien », La Fontaine écrit :
« A peine notre Phrygien fut hors qu'il aperçut deux corneilles qui s'abattirent sur le plus haut. Moi qui ai vu deux corneilles, je suis battu, mon maître qui n'en a vu qu'une est prié de noces. »
Leur ramage :
Le chant des oiseaux. Il était produit dans la ramée.
Rappelons-nous : Sans mentir, si votre ramage / Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. » (« Le Corbeau et le Renard », Livre I, fable 2, vers 7-9).
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illustration de J.B.Oudry |
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