Automne malade
Automne malade et adoré
Tu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers
 
Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
 
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n'ont jamais aimé
 
Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé
 
 
Et que j'aime ô saison que j'aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu'on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
 
Les feuilles qu'on foule
Un train qui roule
La vie s'écoule
 
Guillaume Apollinaire
Alcools, 1913
26 mars 2011
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