Témoignage de la grand-mère de Félicie

C'est ma grand-mère.

Elle s'appelle Liliane B., et à la guerre elle s'appelait encore Ordronneau.
Elle est née en mars 1937. Elle avait donc 2 ans 1/2 au début de la guerre, 8 ans à la fin.
Elle parle de la période de septembre 1943 à juin-juillet 1944.
 
En mars 1943, elle est venue habiter à la Morinière. Il y a eu plusieurs alertes :
-le 16 septembre, elle était à l'hôpital Saint-Jacques pour voir sa tante malade quand il y a eu une alerte.
Les avions qui faisaient un bruit terrible sont arrivés, et les bombes ont commencé à tomber.
-Il y avait des explosions dans le lointain, et plus proches.
Elle s'était cachée avec ses parents dans l'appentis.
Un avion anglais est arrivé droit au-dessus de où elle était en lâchant des bombes.
Sa mère a crié. Au dernier moment, il a obliqué vers la gauche.
Elle est restée très calme alors qu'elle allait mourir.
Son grand-père, qui habitait à l'étage, leur a crié «Sèvres est en feu !».
A ce moment une bombe est tombée dans la Sèvre, et tout a été recouvert de vase.
-le lendemain, elle est partie à la campagne avec sa famille.
Il y avait plein de monde sur la route. Tout à coup, il y a eu une alerte,
tout le monde s'est jeté dans le fossé. Elle, elle s'était accrochée à un arbre
et elle avait tellement peur que, pour se rassurer, elle a récité des poésies,
les tables de multiplication qu'elle avait apprises, sa dictée...
Heureusement c'était une fausse alerte.
 
Elle est allée vivre chez des gens qui avaient une ferme et sa mère y travaillait.
Son père allait chaque jour au travail en bicyclette.
Ils avaient des tickets pour manger et elle a goûté pour la première fois du chocolat,
apporté par des soldats américains. Elle a adoré.
Elle avait classe chez une dame âgée avec les deux filles de la ferme
et une dizaine d'autres enfants tous plus grands qu'elle.
Elle avait à peine 7 ans et elle a appris les divisions à deux chiffres après la virgule.
Une fois, avec ses amies qui vivaient à la ferme où elle était, elles emmenèrent les vaches au pré.
Elles avaient emportés des bouts de tissus pour se déguiser.
Tout à coup, elles entendirent des bruits d'avions qui arrivaient.
Elles paniquèrent tellement qu'elles ont laissé les vaches là
et elles coururent sans arrêt jusqu'à la ferme qui n'était pas à côté du pré et même un peu loin.
Plus tard, elles ont su que les avions avaient bombardé Saint Nazaire.
Pas longtemps après, elle est retournée à Rezé avec sa famille.
 
Un jour, à l'école, elle a vu un gros attroupement.
Elle s'est approchée, elle a vu une fille qui tenait dans sa main un fruit bizarre.
Quelqu'un a dit : «Regardez, Anne a une banane !»Un jour, à la gare de Nantes,
il y avait beaucoup de monde car des déportés et des prisonniers arrivaient par le train.
Elle attendait ses deux oncles. A côté d'elle, il y avait un garçon de 9 ans.
Quand il a vu son père, il s'est évanoui et c'est son père à elle qui l'a relevé.
Ce garçon, c'était mon grand-père.
6 juillet 2008
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